Québec, 20 août 2024
Une étude récente menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révèle l’importance cruciale de la réduction des émissions de particules fines (PM2,5) pour améliorer la santé publique dans certaines régions du Québec. L’étude, réalisée dans le cadre du portrait des sources de contaminants atmosphériques et sonores, explore les impacts sanitaires de différents scénarios de contrôle des émissions, en se concentrant particulièrement sur les émissions provenant de la combustion résidentielle du bois. Selon le rapport, les PM2,5 sont responsables d’une proportion significative des impacts sanitaires liés à la pollution de l’air. En se basant sur cinq scénarios de réduction des émissions appliqués dans huit secteurs du Québec, les chercheurs ont identifié que la réduction des émissions liées à la combustion du bois, notamment par l’adoption généralisée d’appareils de combustion certifiés par l’EPA (Environmental Protection Agency), pourrait réduire les effets néfastes sur la santé de manière substantielle.
Moins de PM2.5, c’est moins de décès prématurés et moins de maladies chroniques
Scénarios de réduction : Bois et industrie sous la loupe
L’étude a simulé l’impact de plusieurs scénarios, dont l’élimination des émissions industrielles, agricoles, des véhicules hors route, et surtout celles de la combustion résidentielle du bois en milieu urbain. Les résultats montrent que les scénarios visant à réduire les émissions de la combustion du bois en milieu urbain ou à imposer des appareils de combustion plus propres sont les plus efficaces pour diminuer les concentrations de PM2,5 et, par conséquent, les impacts sanitaires.
Garder en tête que le scénario « remplacement de 100 % des appareils par des appareils certifiés EPA » a été développé avant la sortie du rapport dévastateur du vérificateur général américain sur le dysfonctionnement total du programme de certification.
« Québec ignore si la certification des appareils de chauffage au bois est fiable » de Radio-Canada.
Par exemple, le scénario où tous les appareils de combustion du bois sont certifiés EPA pourrait réduire les concentrations de PM2,5 de près de 30 % dans la plupart des secteurs, avec une diminution des effets sur la santé allant jusqu’à 80 % dans certains cas. Ce même scénario a montré des résultats particulièrement impressionnants à Rouyn-Noranda, où les taux de mortalité liés aux PM2,5 pourraient chuter de 90 %.
Scénarios étudiés
Scénario 1 : Tous les appareils de combustion du bois de la province sont certifiés EPA
Ce scénario implique que tous les appareils de combustion du bois utilisés dans la province respectent les normes strictes de l’Environmental Protection Agency (EPA), ce qui permettrait de réduire considérablement les émissions de particules fines (PM2,5).
Scénario 2 : Pas d’émissions associées à l’agriculture
Dans ce scénario, les émissions de polluants provenant des activités agricoles sont complètement éliminées, contribuant ainsi à la réduction des concentrations de polluants atmosphériques dans les secteurs ciblés.
Scénario 3 : Pas d’émissions industrielles
Ce scénario prévoit l’élimination totale des émissions provenant des activités industrielles, ce qui réduirait les concentrations de polluants tels que le dioxyde de soufre (SO2) et les PM2,5.
Scénario 4 : Pas d’émissions de véhicules hors route
Ce scénario élimine les émissions provenant des véhicules hors route, tels que les machines agricoles et de construction, ce qui affecterait principalement les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) et d’autres polluants associés.
Scénario 5 : Pas de combustion du bois dans les régions urbaines
Dans ce scénario, la combustion du bois est totalement interdite dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) et les agglomérations de recensement (AR) de la province, ce qui entraînerait une réduction significative des PM2,5 dans ces zones urbaines.
Diminution des concentrations journalières annuelles moyennes de PM2,5 en fonction des scénarios
Les graphiques présentés illustrent les concentrations de PM2,5 (particules fines) dans différentes régions du Québec selon divers scénarios de réduction des émissions. Chaque graphique compare les niveaux de PM2,5 dans un scénario de référence avec cinq scénarios spécifiques visant à diminuer les émissions de polluants : le contrôle des appareils de combustion du bois, la réduction des émissions agricoles, industrielles, des véhicules hors route et l’élimination de la combustion du bois en milieu urbain. Les couleurs utilisées pour chaque scénario sont uniformes à travers les graphiques, offrant une visualisation claire et cohérente des impacts potentiels sur la qualité de l’air dans les régions de Québec, Le Saguenay-et-son-Fjord, Rouyn-Noranda, Témiscamingue et Sherbrooke. Ces graphiques mettent en lumière l’importance des politiques environnementales ciblées pour améliorer la santé publique.
En appliquant le scénario 1 seulement, la Ville de Québec pourrait presque respecter les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en atteignant une moyenne annuelle de particules fines (PM2,5) sous la barre des 5 μg/m3.
Saguenay
Rouyn-Noranda
Témiscamingue
Répercussions sanitaires : une question de vie ou de mort
Les PM2,5 ne sont pas les seuls polluants à avoir des impacts significatifs. L’étude note également que, bien que les scénarios de réduction des émissions industrielles réduisent considérablement les concentrations de dioxyde de soufre (SO2) – un autre polluant dangereux –, les effets sur la santé publique sont moins prononcés en comparaison avec les PM2,5.
Le rapport souligne que la réduction des émissions industrielles pourrait améliorer la santé des populations, notamment dans des secteurs tels que le Saguenay-et-son-Fjord. Cependant, les bénéfices en termes de santé publique restent inférieurs à ceux obtenus par le contrôle des émissions liées à la combustion du bois.
Réduire les PM2,5 pourrait sauver des vies dans les régions les plus touchées du Québec.
Mortalités chiffrées
Les graphiques présentés ci-dessous illustrent la mortalité annuelle due à l’exposition chronique aux particules fines PM2,5 dans plusieurs régions du Québec, exprimée en nombre de décès par 100 000 habitants. Chaque graphique compare la situation de référence (réf) avec divers scénarios (scn 1 à scn 5) qui représentent différentes hypothèses d’évolution des niveaux de pollution.
Mise-en-garde des auteurs : ne pas se concentrer sur les chiffres en valeur absolue mais plutôt sur les tendances. La conclusion est aussi à l’effet que les interventions (de façon générale) sur les émissions liées à la combustion résidentielle de bois ont plus d’impact sanitaire positif que sur les autres secteurs.
Données exprimées en nombre de décès par 100 000 habitants
Vers une politique de santé publique plus stricte
Les auteurs de l’étude recommandent des politiques publiques plus strictes visant à contrôler les émissions de la combustion résidentielle du bois, particulièrement en milieu urbain. Le contrôle des émissions industrielles, bien que bénéfique, devrait être accompagné d’autres mesures pour maximiser les bénéfices pour la santé publique.
Le rapport de l’INSPQ offre un éclairage crucial pour les décideurs politiques du Québec, en leur fournissant des données précises sur les bénéfices potentiels de divers scénarios de réduction des polluants atmosphériques. Alors que la lutte contre la pollution de l’air demeure une priorité, cette étude met en évidence les actions spécifiques qui pourraient avoir les impacts les plus significatifs sur la santé des Québécois.
Source
INSPQ – Projets de recherche dans le cadre du portrait des sources de contaminants atmosphériques et sonores : impacts sanitaires des scénarios futurs