« Nous avons obtenu la permission de reproduire un courriel transmis par un citoyen aux 22 élus de la Ville de Québec dans le cadre du comité plénier sur le budget 2023. Nous croyons que les questions formulées devraient trouver réponses autant de la part des élus que de la part des fonctionnaires municipaux impliqués dans le dossier. ».

Par un heureux hasard, il semble que votre opportunité d’aborder la “Planification de l’aménagement et de l’environnement” dans le cadre du comité plénier sur le budget fut retardée, ce qui me laisse le temps de vous proposer un certain nombre de questions.

En débutant à 9h, vous pourrez vous étendre longuement sur le sujet qui est l’un des plus importants et sous-estimé pour la santé et la qualité de vie des citoyens.

Notez qu’au début novembre l’essentiel des questions plus techniques proposées furent transmises aux fonctionnaires de l’environnement.

Suivi de la qualité de l’air

  • Une étude du MELCC et le projet Limoil’air démontrent de manière convaincante le rôle très important, été comme hiver, de la combustion du bois dans les pics de pollution observés dans Limoilou. Est-ce que les stations d’échantillonnage de la qualité de l’air ajoutées permettront de clarifier les apports de ces sources dans la fameuse “soupe” que l’on cherche à mieux comprendre?
  • Les sources d’émissions affectant le secteur nord et sud de Limoilou semblent très différentes. Pourquoi aucune station n’a été déployée dans le secteur nord, secteur davantage touché par des émissions liées à la combustion du bois et au transport?
  • Les stations de suivi de la qualité de l’air déployées par la Ville sont en partie calquées sur celles du Port de Québec. À une différence majeure: Elles n’offrent pas de mesures des PM2.5, pourtant un des contaminants les plus mesurés et qui est essentiel à la compréhension des émissions liées au transport et à la combustion de la biomasse. Donc, pourquoi ne pas mesurer à la minute les PM2.5 comme le font les stations permanentes du Port de Québec et les stations Limoil’Air / RevolvAir.org ?
  • Il a été affirmé que les stations de mesure de la qualité de l’air déployées permettront de véritablement (!) comprendre ce qui se passe au niveau de la qualité de l’air dans Limoilou. Cependant, les analyses de caractérisation se limitent aux métaux et donc se voient axées sur l’impact de sources industrielles de type transbordement (lire, les activités portuaires). Cependant, on sait que la fameuse soupe est constituée de beaucoup plus de contaminants issus de la combustion du bois, de la White Burch de l’incinérateur, etc. Pour quelles raisons on omet d’analyser la soupe dans son entier et on se limite à faire (moins) que ce que le Port de Québec analyse déjà?
  • Comment se fait-il qu’aucune analyse des niveaux de lévoglucosane, de carbone noir (lié à la combustion des combustibles fossiles), carbone brun (lié à la combustion de la biomasse, lire bois), qui sont des marqueurs incontournables pour caractériser les particules fines et servent à déterminer les apports respectifs du transport et de la combustion de la biomasse dans la composition des particules, ne sont réalisées? Ces analyses ont été omises sur quelle base?
  • Pourquoi les particules ultra-fines ne sont pas considérées alors qu’elles sont très pertinentes à l’analyse de l’impact du transport et de la combustion du bois et peut-être des sources spécifique à Limoilou?
  • On comprend que les normes d’air ambiant du “Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère” seront utilisées. Est-ce qu’il a été demandé que les lignes directrices de l’OMS (PM2.5/PM10/etc), beaucoup plus à jour, plus “sévères” et cohérentes avec les connaissances scientifiques actuelles, soient prises en compte dans le rapport qui sera produit? Considérez-vous que les données des stations nouvellement installées permettront d’évaluer le respect de celles-ci de manière convenablement?
  • Pourquoi suspendre l’échantillonnage durant la période où la Ville de Québec connaît les plus importants niveaux de particules fines (janvier et février), niveaux élevés dont la cause est le chauffage au bois?
  • Quelles seraient les actions que la ville pourrait prendre pour véritablement assainir la qualité de l’air et réduire les GES à moindre coût. Autrement dit, serait-il possible d’énumérer les actions réalisables (ex: règlements) pour réduire les contaminants atmosphériques sur le territoire de la Ville de Québec ayant les plus importants bénéfices immédiats, et ce au moindre coût pour la Ville et pourquoi ces actions ne sont pas déjà prises?

Règlement R.V.Q. 1006 – Règlement sur les nuisances

Source : https://reglements.ville.quebec.qc.ca/fr/showdoc/cr/R.V.Q.1006/

  • Pourquoi la Ville de Québec exclut la nuisance par la fumée de son interprétation du “R.V.Q. 1006 – Règlement sur les nuisances”? Pourtant il est reconnu que la fumée est constituée de particules et l’article 22 se lit ainsi:

    “22. Constitue une nuisance, la production de poussière ou de particules dans l’air de façon à incommoder le voisinage.”

    On semble évoquer une question de coût lié à l’application de cet article. Économise-t-on sur la santé des citoyens lésés?

Règlement R.V.Q. 2954 – Règlement sur les appareils de chauffage à combustible solide

Source : https://reglements.ville.quebec.qc.ca/fr/showdoc/cr/R.V.Q.2954

  • Pourquoi la Ville de Québec vise à adopter une norme (celle de 1988) qui aura presque 40 ans en 2026 au niveau des installations de chauffage au bois jugées conformes? Pourquoi ne pas adopter la norme la plus sévère du moment dès 2026?
  • Lors de la rédaction de ce règlement dans quelle proportion fut considérée la santé des citoyens, versus des questions budgétaires ou intérêts politiques.
  • Est-ce que l’électrification du chauffage devrait être une priorité pour tous les bâtiments du territoire?
  • Est-ce que de permette l’utilisation du chauffage au bois en dehors des pannes d’électricité cadre avec les ambitions de la Ville de Québec de réduire les émissions de GES sur son territoire?
  • Considérez-vous que l’utilisation des alertes de smog pour interdire l’utilisation des appareils de chauffage au bois est une manière efficace de PRÉVENIR des pics de pollutions?
  • Est-ce que des inspecteurs de l’environnement sont disponibles 24/7 pour répondre aux appels concernant l’utilisation d’appareil de chauffage au bois lors d’une alerte de smog? (Note: L’hiver dernier, avec plus de 10 adresses de contrevenant en mains il était impossible d’obtenir un inspecteur sur-le-champ pour mettre à l’amende les propriétaires fautifs, car c’était une journée de fin de semaine. C’est plus de 3000$ en amendes qui n’ont pas été perçus par la ville et qui de par son manque de ressource ont permis à des citoyens d’enfreindre son règlement et de léser le voisinage.

Vous savez, toutes ces questions ont des aspects budgétaires, car ce qu’on me répond souvent c’est que la raison derrière ces choix est… budgétaire et lié au manque de ressources.

Dans le cas du “Suivi de la qualité de l’air”, il semble y avoir un objectif visant à ne pas considérer la combustion du bois dans l’exercice, et de se concentrer exclusivement sur le “port” et là, je crois que c’est possiblement plus “intéressé” que “budgétaire”. Donc, ce serait bien que cet aspect soit fouillé par les élus lors des échanges.

Qualité de l’air de la Ville de Québec au 5 décembre 2022

Pour votre information et question de vous motiver encore davantage à questionner les fonctionnaires, voici la qualité de l’air qui prévalait dans Limoilou durant et après la séance du conseil de ville du 5 décembre 2022.

Le point rouge sur la carte du Québec est Limoilou. Le secteur de l’Aéroport a aussi frôlé le rouge.

Qualité de l’air pour la Ville de Québec, Québec

12 à 13 heure de dégradation de la qualité de l’air non pas à cause de l’usure des pneus et des garnitures de freins ou des moteurs thermiques, mais bien à cause de la combustion du bois qui demeure LA cause de ces épisodes et de la mauvaise qualité de l’air qui sévissait à la grandeur de la Ville et qui sévit régulièrement dans des secteurs sans que les stations du MELCC soient capables d’en mesurer la pleine ampleur.

Graphique présentant l’augmentation des particules fines (PM 2.5) pour la station d’analyse de qualité de l’air du Vieux-Limoilou
Station d’analyse du projet Limoil’Air / RevolvAir.org sont au orange et rouge, ce qui indique une dégradation de la qualité de l’air au niveau des PM 2.5

Évidemment, j’ai bien hâte de regarder les échanges sur le sujet. J’espère que ce sera l’occasion de donner une place cohérente avec l’importance de la problématique qui est évidemment grandement exacerbée par laxisme de la ville et donc elle a plusieurs clés qui permettraient d’assainir radicalement, rapidement et à coût nul l’air que nous respirons, tous et ce pour peu que les élus y consentent.

Secteur de l’Aéroport