Introduction
Lorsqu’on consulte la qualité de l’air sur le site officiel du (RSQAQ), on voit souvent une valeur de PM2.5 (particules fines). Mais ce que l’on sait moins, c’est que cette valeur peut être calculée sur différentes durées :
1 heure, 3 heures, ou 24 heures.
Au Québec, sur le site du Réseau de surveillance de la qualité de l’air du Québec, l’indice de qualité de l’air (IQA) repose principalement sur une moyenne sur 3 heures pour les PM2.5. Cette approche a certains avantages, mais elle comporte aussi des limites importantes, surtout pour les enfants, les personnes à risque et lors d’événements rapides, comme les feux de forêt.
Le tableau suivant est tiré de la page officielle du RSQAQ. On peut y voir que les particules fines sont moyennées sur les trois dernières heures :
| Contaminant | Type de mesure | Valeur de référence |
|---|---|---|
| Ozone (O3) | Moyenne horaire | 82 ppb |
| Particules fines (PM2,5) | Moyenne des trois dernières heures | 35 µg/m³ |
| Dioxyde de soufre (SO2) | Maximum sur quatre minutes1 | 200 ppb |
| Dioxyde d’azote (NO2) | Moyenne horaire | 213 ppb |
| Monoxyde de carbone (CO) | Moyenne horaire | 30 ppm |
Source : https://www.iqa.environnement.gouv.qc.ca/contenu/index.asp
C’est quoi les PM2.5, en mots simples ?
Les PM2.5 sont de minuscules particules présentes dans l’air :
- fumée de feux de forêt
- chauffage au bois
- circulation automobile
- activités industrielles
Elles sont si petites qu’elles pénètrent profondément dans les poumons et peuvent même passer dans le sang.
Moyenne sur 1 heure vs sur 3 heures : quelle différence ?
- Moyenne sur 1 heure
- Montre ce qui se passe maintenant
- Réagit rapidement aux changements
- Utile pour décider : sortir ou rester à l’intérieur
- Moyenne sur 3 heures
- Lisse les variations rapides
- Représente une exposition plus stable
- Réagit plus lentement aux épisodes soudains
Deux situations très différentes peuvent donc afficher la même valeur, selon la durée de moyenne utilisée.
Moyenne des particules fines sur 1h vs 3h en image
Le graphique présente 2 courbes. En rouge, les valeurs moyennées sur la période d’une heure (pics rapides) et en bleu, les valeurs moyennées sur 3 heures (courbe plus douce).

Le graphique suivant permet de mieux visualiser les valeurs maximales affichées à la population. Le site officiel du RSQAQ affiche 25,41 µg/m3, mais les données horaires montent à 32.3 µg/m3.

Le diagramme en violon suivant permet de voir que les données supérieures peuvent être tronquées lorsque la moyenne est réalisée sur une période de 3 heures.

Message clé de l’image
La moyenne sur 3 heures peut masquer des pics importants à court terme.
Les avantages de la moyenne sur 3 heures
Soyons clairs : cette méthode a aussi des points positifs.
✅ Information plus stable
- Évite les variations brusques d’une heure à l’autre
- Réduit la confusion pour le grand public
✅ Moins de “fausses alertes”
- Un court pic isolé (ex. un camion diesel) a moins d’impact
- Utile pour la communication générale
✅ Représente une exposition prolongée
- Pertinent pour comprendre l’air respiré sur plusieurs heures
⚠️ Mais les inconvénients sont majeurs pour la santé
👶 Enfants et tout-petits
- Ils respirent plus vite que les adultes
- Leur système respiratoire est en développement
- Un pic de PM2.5 sur 30–60 minutes peut suffire à :
- irriter les voies respiratoires
- déclencher de l’asthme
- augmenter le risque d’infections
La moyenne sur 3 heures peut ne pas montrer ce danger immédiatement.
🧓 Personnes à risque
- Asthme
- MPOC / BPCO
- Maladies cardiaques
- Femmes enceintes
Chez ces personnes, une exposition courte mais intense peut avoir des effets réels :
- essoufflement
- inflammation
- augmentation des hospitalisations
🔥 Feux de forêt et dégradation rapide de l’air
C’est ici que le problème devient critique.
Lors d’un feu de forêt :
- la concentration de PM2.5 peut exploser en quelques minutes
- la moyenne sur 3 heures :
- retarde l’alerte
- sous-estime le pic réel
- peut donner un faux sentiment de sécurité
👶
Des enfants jouent dehors alors que l’air est déjà dangereux.
Pourquoi plusieurs pays diffusent la moyenne sur 1 heure

Dans plusieurs pays (Canada, États-Unis, France, Allemagne, Japon), les données PM2.5 horaires (1 h) sont mesurées, publiées et utilisées pour les alertes rapides.
Cela permet :
- d’agir immédiatement
- de protéger les groupes vulnérables
- d’adapter les activités extérieures en temps réel
Quelle est la meilleure approche pour protéger la population ?
Ce n’est pas 3 heures ou 1 heure. C’est les deux.
Bonne pratique recommandée :
- PM2.5 – moyenne 1 h → alerte rapide
- PM2.5 – moyenne 3 h → tendance générale
- PM2.5 – 24 h → contexte réglementaire
Cela permet une information claire, une réaction rapide et une meilleure protection des enfants et des personnes à risque.
Sources officielles
- Gouvernement du Canada – Surveillance de la qualité de l’air
- Indice de la qualité de l’air – Québec (IQA / RSQAQ)
- US EPA – AirNow (PM2.5 et données horaires)
- Organisation mondiale de la Santé (OMS) – Air Quality Guidelines 2021
- Agence européenne de l’environnement – Air Quality Index
En résumé
✔ La moyenne sur 3 heures simplifie l’information
❌ Mais elle peut retarder les alertes, surtout pour :
- les enfants
- les personnes vulnérables
- les feux de forêt
Pour protéger la santé, l’accès aux données horaires est essentiel !
Guillaume Simard, ing. RevolvAir.org