L’indice de la qualité de l’air (IQA) évalue si l’air ambiant est «bon», «acceptable» ou «mauvais» suivant la mesure dans l’air des particules fines (PM2.5) et de l’ozone (O3) par rapport à une valeur de référence pour la santé déterminée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCC)1. D’autres contaminants peuvent être mesurés par les stations du réseau de surveillance de la qualité de l’air, mais les particules fines et l’ozone sont les principaux constituants du smog et les contaminants les plus présents dans l’air au Québec. Au Québec, les autorités concernées recommandent de vérifier l’indice de la qualité de l’air (IQA) dans notre région avant d’effectuer un déplacement ou de pratiquer une activité à l’extérieur2. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si cet outil renseigne bien les utilisateurs, notamment les personnes vulnérables sur la qualité de l’air.

Rappelons qu’un indice de la qualité de l’air est calculé toutes les heures à partir de polluants mesurés à chacune des stations de surveillance3. Donc, on peut se référer aux statistiques annuelles de l’IQA pour connaitre le nombre de jours où les concentrations moyennes horaires mesurées dans le secteur Vieux-Limoilou ont dépassé la valeur seuil pour l’IQA « Acceptable ».

Statistiques annuelles de l’IQA en 2022

Station Québec du secteur du Vieux-Limoilou

Nombre de jours
Bon
Acceptable
Mauvais
176 jours179 jours10 jours
48,2 %49,0 %2,7 %

Les statistiques sur l’indice de qualité de l’air (IQA) pour le secteur Vieux-Limoilou pour l’année
2022 révèlent que la qualité de l’air était «Bonne» (IQA 0 à 25) à 48,2 % du temps, soit 176 jours
de l’année.

Cela veut dire que :

  • la concentration des particules fines (PM2,5) était égale ou plus petite que 17,5 µg/m3 (par ex. : la valeur limite journalière recommandée par l’OMS est de 15 μg/m3 );
  • et que la concentration de l’ozone était égale ou plus petite que 41,00 ppb (par ex. : l’indice AOT40 est de 40 ppb4 ).

NOTE : L’AOT40 est l’indice fondé sur l’utilisation des niveaux critiques d’ozone pour évaluer sur de
vastes territoires le risque des dommages à la végétation des suite de la pollution de l’air par l’ozone.

Pour sa part, dans le secteur Vieux-Limoilou, la qualité de l’air était «Mauvaise» ou «Acceptable»
à 51,8 % du temps, soit 189 jours de l’année (IQA 26 et plus).

Cela veut dire que :

  • la concentration des particules fines (PM2,5) était égale ou plus grande que 18,2 µg/m3;
  • ou la concentration de l’ozone était égale ou plus grande que 42,64 ppb.

NOTE : Santé Canada recommande une valeur-guide d’exposition maximale pour l’ozone de 20 ppb (40 μg/m3), moyennée sur une période de huit heures5.

Donc, les concentrations moyennes horaires mesurées dans le secteur Vieux-Limoilou dépassent le seuil pour l’IQA « Acceptable » (IQA 26) à 51,7 %, soit un jour sur deux.

Pour sa part, le récent rapport du ministère de l’Environnement du Québec, révèle que la concentration moyenne annuelle de particules fines PM2,5 enregistrée dans le secteur VieuxLimoilou à Québec était de 8,70 µg/m³ en 20216 . Donc, on constate que la concentration moyenne annuelle de particules fines PM2,5 dans ce secteur dépasse la valeur annuelle de qualité de l’air de 5 µg/m³ recommandée par l’OMS7.

Selon l’OMS «environ 80 % des décès attribués à l’exposition aux PM2,5 dans le monde pourraient être évités si les pays atteignaient le seuil annuel de référence de 5 µg/m3» 8.

De plus, les données présentées dans ce rapport révèlent que la concentration maximale journalière de particules fines PM2,5 enregistrée dans ce secteur dépasse largement la valeur quotidienne de qualité de l’air de 15 µg/m³ recommandée par l’OMS. Par exemple, la valeur plus élevée de PM2,5 enregistrée à la station Québec – Vieux-Limoilou en 2021 était de 104,8 µg/m³ (moyenne journalière), c’est-à-dire 7 fois le seuil fixé par l’OMS. De plus, on remarque que la concentration de PM2,5 de 18,75 µg/m³ représente le 90e centile de concentrations journalières mesurées par la station Québec – Vieux-Limoilou. Cela veut dire que plus de 10 % des concentrations moyennes journalières mesurées par cette station dépassent la valeur quotidienne de qualité de l’air recommandée par l’OMS et également la valeur seuil de 18,2 µg/m3 pour l’IQA « Acceptable » (IQA 26).

Le même rapport du ministère de l’Environnement révèle que la concentration moyenne annuelle d’ozone enregistrée dans le secteur Vieux-Limoilou à Québec était de 23,86 ppb en 2021. Ce rapport révèle également que la concentration maximale journalière d’ozone enregistrée dans ce secteur était de 74,45 ppb. De plus, on remarque que la concentration de 40,33 ppb représente le 95e centile de concentrations journalières mesurées par la station Québec – Vieux-Limoilou. Cela veut dire qu’environ 5 % des concentrations moyennes journalières mesurées par cette station dépassent le seuil de 42,64 ppb pour l’IQA « Acceptable » (IQA 26) et le niveau critique d’ozone 40 ppb de l’indice AOT40.

En ce qui concerne le dioxyde d’azote (NO2), même pour les concentrations atteignant la valeur de 106,5 ppb (203,65 µg/m3 ) l’indice de la qualité de l’air (IQA) utilisé au Québec serait considéré comme « bon » pour la santé. Donc, les concentrations moyennes journalières mesurées par cette station ne dépasseront jamais le seuil pour l’IQA « Acceptable » (IQA 26). Par exemple, la valeur plus élevée de NO2 enregistrée à la station Québec – Vieux-Limoilou en 2021 était de 69,45 ppb (132,8 µg/m³), c’est-à-dire 5 fois le seuil de 25 µg/m3 fixé par l’OMS.

Effets à court terme de la pollution atmosphérique sur la mortalité

De nombreuses études ont montré qu’une hausse de la pollution atmosphérique a une incidence sur la mortalité quotidienne, mais entraîne aussi, par exemple, une augmentation du nombre d’hospitalisations en rapport avec des maladies cardiovasculaires ou respiratoires. En Belgique, on utilise un indice basé entièrement sur les effets santé afin d’évaluer la qualité de l’air globale. « Pour ce faire, le risque relatif (RR) indiqué dans le rapport « Health Risks of Air Pollution In Europe (HRAPIE) » émis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été pris en compte. Le risque relatif représente l’augmentation de l’impact santé pour une augmentation de 10 µg/m³ des concentrations9.

Pour définir l’impact sur la santé de la pollution atmosphérique, on utilise les RR associés à l’augmentation de la « mortalité quotidienne totale ». Les RR suivants (par augmentation de 10 µg/m³) sont utilisés pour évaluer l’augmentation de la mortalité totale :

  • Moyenne journalière PM2.5 1,0123
  • Moyenne max. 8 h O3 1,0029
  • Moyenne max. 1 h NO2 1,0027

Cela signifie que pour chaque augmentation de 10 µg/m³ des concentrations en moyenne journalière de PM2.5, la mortalité quotidienne augmente statistiquement de 1,23 %. De même, elle augmente de 0,29 % pour chaque augmentation de la concentration moyenne maximale horaire d’O3 et de 0,27 % pour chaque augmentation de la concentration moyenne maximale horaire de NO2. Les risques relatifs associés à la mortalité totale sont définis sur la base d’une étude épidémiologique comparant l’évolution quotidienne de la pollution de l’air à la variation quotidienne de la mortalité totale.

Rappelons que l’IQA a été créé pour inciter les personnes vulnérables de s’informer sur la qualité de l’air à l’aide de cet outil afin de déterminer à quel moment devraient prendre des précautions pour protéger leur santé. Toute fois, la catégorie «acceptable» est inappropriée pour renseigner les personnes vulnérables sur la qualité de l’air de leur région compte tenu qu’elle minimise les impacts des émissions de polluants sur la santé. Les niveaux de pollution qui ont une incidence sur la mortalité et la morbidité quotidienne ne peuvent pas être considérés comme « acceptables ».

Slavko Sebez, M.Sc. Santé communautaire

Sources

  1. Sherbrooke Citoyen, Qualité de l’air à Sherbrooke https://sherbrookecitoyen.org/2021/06/16/qualite-de-lair/
  2. Gouvernement du Québec, Prévenir les effets de la pollution de l’air sur la santé https://www.quebec.ca/sante/conseils-etprevention/sante-et-environnement/prevenir-les-effets-de-la-pollution-de-l-air-sur-la-sante
  3. Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), La méthode de calcul de l’indice de la qualité de l’air (IQA) https://www.iqa.environnement.gouv.qc.ca/contenu/calcul.htm
  4. Cellule Interrégionale de l’Environnement (CELINE), Belgique, AOT40 végétation https://www.irceline.be/fr/qualite-de-lair/mesures/ozone/history/evolution/aot40-vegetation
  5. Ligne directrice sur la qualité de l’air intérieur résidentiel pour l’ozone, Santé Canada, 2010 https://www.canada.ca/content/dam/canada/health-canada/migration/healthy-canadians/publications/healthy-living-viesaine/ozone/alt/ozone-fra.pdf
  6. Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Bilan de la qualité de l’air au Québec 2021, Dépôt légal – 2024 https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/bilan/qualite-air-quebec-2021.pdf
  7. Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air, Résumé d’orientation, 2021 https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346555/9789240035423-fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y
  8. Organisation mondiale de la Santé (OMS), Lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air, 2021 https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/who-global-air-quality-guidelines
  9. Cellule Interrégionale de l’Environnement, Belgique https://www.irceline.be/fr/qualite-de-lair/mesures/belaqi-indice-de-la-qualite-de-lair/information
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